Le baromètre ISTF 2024 révèle une augmentation significative de l'internalisation des contenus pédagogiques numériques dans les entreprises, passant de 57% en 2014 à 75% en 2024. Jouant un rôle majeur dans cette transformation, près de la moitié des professionnels de formation priorisent désormais la création de contenus digitaux et le développement des compétences qu’elle requiert, notamment la maîtrise des outils numériques et des méthodes de conception spécifiques au Digital Learning, grâce aux formations proposées par l’ISTF.
Le baromètre ISTF 2024 pointe l'internalisation croissante, par les entreprises, de la production de leurs contenus pédagogiques numériques…
Mathilde Istin : En effet, alors qu’en 2014, 57 % du total des contenus produits (modules e-learning, de vidéos pédagogiques, de podcast) étaient produits en interne, l’internalisation progressait à un rythme plutôt tranquille jusqu’en 2022 : 59 % (2019), 62 % (2021), 63 % (2022)… pour bondir à 72 % en 2023, soient 9 points en 1 an seulement ! En 2024, cette part est estimée à 75 %. La transformation digitale de la formation n’est donc plus, pour la majorité des organisations, un objectif : elle est en cours sinon largement menée. On notera également que près de la moitié (48 %) des sondés considèrent que, s’ils devaient retenir une seule priorité des formateurs en 2024, ce serait de créer des contenus digitaux ; cette priorité précède le renforcement des pratiques d’animation des sessions synchrones présentielles ou distancielles. L’enjeu pour les entreprises, qui est d’accélérer dans la réponse à des besoins de formation de plus en plus variés, précis et rapprochés dans le temps, suppose que la production des contenus soit internalisée dans les entreprises et les organismes de formation, plutôt que d'en appeler à des prestataires externes, ce qui est une solution moins réactive et souvent plus onéreuse.
Dans ce contexte, quelles sont les compétences nécessaires aux services formation ?
Mathilde Istin : Les équipes formation doivent progresser dans l’usage des outils informatiques comme dans les méthodes de conception propres au digital learning. Les concepteurs (formateurs, ingénieurs pédagogiques, concepteurs e-learning, Digital Learning Managers…) doivent conforter leur pratique des outils auteurs génériques (Powerpoint, Genially, Canva, etc.). Cela vaut également pour les experts métiers dont la montée en compétence informatique ne doit pas être négligée, sauf à se contenter de slides avec du texte et… du texte, quel que soit l’outil auteur, même le plus élaboré, mis à leur disposition ! Cette prise en main doit être accompagnée, par exemple, grâce aux formations proposées par ISTF. Cependant, l'important, c’est de manipuler l’outil régulièrement, ce qui est un objectif cohérent avec l’enjeu de massification des contenus proposés. La méthodologie de production ouvre, quant à elle, un champ de compétences indispensable. En effet, il ne suffit pas de reprendre le support d’une formation présentielle à l’identique pour produire un contenu digital pertinent : un module video learning n’est pas le simple décalque d’un contenu marketing, une classe virtuelle n’obéit pas aux mêmes règles qu’une conférence sur site. L’ingénierie pédagogique, les techniques d’animation sont des sujets parmi les plus prisés dans les formations ISTF. Enfin, l’Intelligence Artificielle (IA) générative, d’ores et déjà intégrée dans nombre d’outils (Storyline, Serious Factory, Edtake…), bouscule les pratiques de conception pédagogique. Ces outils viennent booster les projets Digital Learning internalisés dans l’entreprise sous divers angles : création d’évaluations, de médias, de scripts, etc. L’ISTF propose une formation courte et pratico-pratique, 100 % à distance, pour accompagner ces évolutions auprès des acteurs de la formation : intégrer l’IA à ses pratiques pédagogiques, avec la scénarisation d’un dispositif assistée avec IA et la génération de médias (video, images, voix…) à l’aide d’une IA générative, etc.
L’ISTF : l’organisme de formation au cœur de cette révolution ?
Mathilde Istin : Le baromètre ISTF 2024 pointe de nouveau que 54 % des freins à la digitalisation des formations sont de nature RH : manque de temps (20 %), de compétences (17 %), d’effectifs (11 %), difficulté à recruter des personnes compétentes (4 %). La conclusion s’impose à nous : répartir les missions autrement, pour faire de la place à la réingénierie de dispositifs, à la création de nouvelles formations digitales et à la production de contenus… ou bien agrandir la capacité de production en dotant les experts métier de compétences leur permettant de contribuer au développement de contenus pédagogiques numériques. Les deux ne sont pas incompatibles. Au manque d’effectifs et à la difficulté de recruter des personnes compétentes, l’ISTF répond par son dispositif d’alternance : nous formons des Concepteurs Formateurs Digital Learning en contrat d’apprentissage ou de professionnalisation qui, pendant 12 mois, vont contribuer aux projets de formation de leur employeur de manière pleinement polyvalente : conception de parcours blended, création de contenus asynchrones et synchrones, pour le distanciel et le présentiel, animation de séances de formation sous toutes ces modalités. Complémentaire à notre métier historique d’organisme de formation spécialisé dans les compétences du Learning (notamment à travers les cursus phares de Chef de projet Digital Learning, Designer de ressources e-learning ou encore Concepteur video learning), notre activité CFA nous permet d’accompagner annuellement une trentaine d’entreprises et d’étudiants. La prochaine promotion démarrera en septembre.
On n’oubliera pas le métier de Learning Success Manager, récemment apparu…
Mathilde Istin : Pour les équipes formation, un nouveau domaine de compétences transverses est né des médiocres retours du terrain comme des taux de complétion très bas enregistrés par les formations 100 % e-learning, sans même parler d'un niveau d’engagement dans les parcours blended learning ou les classes virtuelles qui doit absolument progresser. Depuis peu, les actions de learning success management sont à la manoeuvre pour optimiser l’expérience Apprenant ; cette compétence concerne de fait tous les métiers intervenant à toutes les étapes d’un projet de formation. Divers leviers d’engagement, comme le design du parcours apprenant, peuvent être utilisés, par les designers, bien sûr, comme par les chefs de projet ou les concepteurs de dispositifs et de contenus de formation. Mais bizarrement, nous avons constaté que cette thématique disparaît progressivement dans la phase de déploiement de la formation, alors que c’est justement au moment précis où l’apprenant entre en contact avec son parcours qu’il aura besoin d’une expérience débarrassée de tout obstacle ! C’est pourquoi l’ISTF propose des formations destinées à l'ensemble des professionnels de formation (ingénieurs pédagogiques, Digital Learning managers, aux chargés, assistants ou coordinateurs formation) : pour les aider à améliorer grandement l’accompagnement logistique des apprenants. Le métier de « Learning Success Manager » existe déjà dans quelques organismes de formation et entreprises qui mettent l’expérience Apprenant au cœur de leur stratégie ; c’est cette montée en compétence de tous les professionnels de la formation que l’ISTF cherche à renforcer par des formations spécifiques.
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